mardi 6 octobre 2015

[Bosc, Adrien] Constellation

Constellation
D'Adrien Bosc



Le 27 octobre 1949, le nouvel avion d’Air France, le Constellation, lancé par l’extravagant M. Howard Hughes, accueille trente-sept passagers. 
Le 28 octobre, l’avion ne répond plus à la tour de contrôle. Il a disparu en descendant sur l’île Santa Maria, dans l’archipel des Açores. Aucun survivant. La question que pose Adrien Bosc dans cet ambitieux premier roman n’est pas tant comment, mais pourquoi ? Quel est l’enchaînement d’infimes causalités qui, mises bout à bout, ont précipité l’avion vers le mont Redondo ? Quel est le hasard objectif, notion chère aux surréalistes, qui rend "nécessaire" ce tombeau d’acier ? Et qui sont les passagers ? 

Le Constellation F-BAZN a décollé le 27 octobre 1949 avec à bord 37 passagers et 11 membres d'équipage. Direction les États-Unis. Afin d'effectuer un ravitaillement, l'avion devait faire escale sur une île des Açores. Le problème, c'est que la tour de contrôle perdra son signal et que le lendemain, on découvrira que l'avion s'est écrasé, emportant avec lui tous ceux qui étaient à bord.  
A bord, justement des personnalités telles que Ginette Neveu, la célèbre violoniste, Marcel Cerdan, le célèbre boxeur et amant d'Edith Piaf etc, ainsi que des personnes totalement anonymes qui partait pour raison professionnelle ou familiale en Amérique. 

Dans ce roman fort et puissant, au rythme rapide, Adrien Bosc nous raconte le déroulé du crash entrecoupé, par l'histoire des personnes qui étaient à bord. 
Si au début, les premiers consacrés à l'avion en lui même et à la technique ne m'ont pas emballés, très rapidement il en a été tout autre, lorsque l'auteur nous parle, petit à petit, des passagers et de leurs vies avant le crash. 
Tous les chapitres ne m'ont pas fait le même effet. Certains m'ont plus passionnés que d'autres. Mais, il n'en reste pas moins que j'ai énormément apprécié ce texte, cette histoire et ce qu'en a fait l'auteur. 

J'ai aussi apprécié la plume de l'auteur, travaillée sans être soutenue, mais d'un bon rythme. J'ai littéralement engloutie se roman et je ne regrette aucunement m'a lecture.
J'ai totalement compris et adhérée à l'engouement de la critique face à cette oeuvre. 

Je vous invite à découvrir ce texte, si ce n'est pas déjà fait. 

samedi 3 octobre 2015

[Birgisson, Bergsveinn] La lettre à Helga

La lettre à Helga 
De Bergsveinn Birgisson 



« Mon neveu Marteinn est venu me chercher à la maison de retraite. Je vais passer le plus clair de l’été dans une chambre avec vue plongeante sur la ferme que vous habitiez jadis, Hallgrímur et toi. » Ainsi commence la réponse – combien tardive – de Bjarni Gíslason de Kolkustadir à sa chère Helga, la seule femme qu’il aima, aussi brièvement qu’ardemment, d’un amour impossible. Et c’est tout un monde qui se ravive : entre son élevage de moutons, les pêches solitaires, et sa charge de contrôleur du fourrage, on découvre l’âpre existence qui fut la sienne tout au long d’un monologue saisissant de vigueur. Car Bjarni Gíslason de Kolkustadir est un homme simple, taillé dans la lave, pétri de poésie et d'attention émerveillée à la nature sauvage.

Je viens de vivre un moment de poésie inoubliable. Un moment intense qui m'a bouleversé sur plusieurs niveaux : émotionnellement par rapport à l'histoire de Bjarni et de ce qu'il nous raconte dans cette longue lettre, que par rapport à l'émotion que j'ai ressentie littéralement parlant face à une plume des plus magnifique et bouleversante. 

Bjarni est un éleveur de mouton dans la campagne islandaise. 
Au soir de sa vie, Bjarni écrit une longue lettre (qui raisonne telle une confession) à Helga son grand amour, sa voisine il fut un temps. Unnur, la femme de ce vieux paysan attaché à sa terre, à son village et à ceux qui y vive, est morte après cinq ans de longue souffrance. Helga quant à elle a perdue son époux il y a un an, d'un cancer. 
De retour dans sa maison, pour des vacances, la fenêtre donnant sur l'ancien jardin d'Helga et de son mari, Bjarni devient nostalgique et décide d'écrire à la femme qu'il a toujours aimé. 

Dès les premières lignes de cette lettre à Helga, j'ai su que j'allais passer un moment magnifique tant la plume, poétique de l'auteur, parlait à mon cœur. En quelques mots, j'ai été conquise par le talent de l'auteur est le reste du récit a confirmé cela.

Avec ce récit, on en apprend davantage sur la vie d'éleveur islandais dans les années 40. On comprend ce qu'était la vie alors, ces enjeux, ses non-dits. Bref, la vie quoi.... On découvre l'Islande, son histoire aussi.
Cette lettre c'est aussi de l'amour à l'état pur : pour une femme, pour une terre... Bjarni oscillera sans cesse entre les deux, jusqu'à sa décision finale.
Alors certes, je n'ai pas compris qu'il renonce à l'amour de sa vie, pour sa terre ! Par amour, je serais prête à tout, à tout quitter, à changer de vie... donc Bjarni m'a semblé pas si amoureux que ça, au final, mais j'ai compris aussi que sa culture, sa vie l'avait forgé différemment de moi, et que même si il avait refusé de suivre Helga, il ne l'avait pas moins aimé pour autant. 

Amour rime avec beauté, émotion mais aussi avec souffrance et, à travers cette lettre, c'est ce que l'auteur, de sa plume splendide, essaye de nous transmettre, de nous faire comprendre. 
Ce livre se déguste comme une gourmandise, il nous émeut aussi et au final, les pages défilent seules, et quand on arrive à la fin, notre coeur à chavirer, est blessé aussi, égratigné. 

L'amour, ce sentiment si merveilleux, si douloureux, dont aucun être vivant ne peut (ni ne veut) se passer est ici chanté avec brio. Mon cœur, mon corps en frissonnaient. Pour rien au monde, je ne voudrais ne plus aimer et ne plus ressentir toutes ces choses qui font que l'on se sent vivement !

Un ouvrage poignant, une plume saisissante, un lettre émouvant. Bref, un coup de coeur ! 

J'ai eu le plaisir de partager cette lecture avec mon amie, ma sœur, Anne Sophie, dont je vous invite à découvrir l'avis en vous rendant là-bas. 



vendredi 2 octobre 2015

[Vann, David] Impurs

Impurs
De David Vann



Été 1985. Dans la vieille demeure familiale, en plein cœur de la Vallée Centrale de Californie, Galen vit seul avec sa mère. Tandis que celle-ci s'attache à faire revivre un passé idéalisé et l'étouffe d’un amour oppressant, le jeune homme tente de trouver refuge dans la méditation.
Son existence et celle de sa mère sont rythmées par les visites inopportunes de sa tante et de sa cousine trop sexy, et par celles qu’ils rendent à sa riche grand-mère dont la mémoire défaille. Mais l'accumulation de rancœurs entre les deux sœurs et l'obsession de Galen pour sa cousine ne tarderont pas à les mener au bord de l'explosion.
Une fois que la noirceur de chacun se sera révélée au grand jour, rien ne pourra plus les préserver du pire.

Bon c'est dit, je suis totalement sous le charme de la plume de David Vann et de sa verve, de son imagination. Impurs est le second livre de l'auteur que je lis et, au-delà de son talent, ce que je ressens à la lecture de ses œuvres c'est un malaise, certes, mais un bouleversement dans tout mon être.

Galen à vingt-deux ans, il vit en compagnie de sa mère Susie dans une bâtisse du désert californien. Lui reste par soucis financier, mais sa mère le retiens car elle ne veux pas être seule ; elle garde Galen près d'elle tantôt le considérant comme son fils ou bien comme un homme... Galen lui, essaye tant bien que mal de lutter contre ses pulsions sexuelles.
Entouré seulement de femmes :  sa grand-mère ayant de l'argent, qui perd la tête et qui est internée dans une maison de retraite, sa tante Helen jalouse et très spéciale qui convoite les possessions des autres, sa cousine Jennifer, très sexy mais au cynisme détonnant... il tente d'échapper à tout cela, avec une spiritualité fumeuse, qui franchement, avouons-le n'est pas au top, et qui n'empêchera pas les choses de basculer.

Comme avec ma précédente lecture de l'auteur, je ressors de celle-ci épuisée, au bord de l’écœurement. David Vann côtoie la folie et nous entraîne, avec lui, dans ce qu'il y a de plus noir chez l'être humain. 
Avec David Vann, on comprends que la famille est toxique, que le mal pointe en chaque être et qu'il suffit d'un rien pour plonger totalement dans la folie, le sadisme et l'horreur. 

Galen est un jeune homme pour qui le spiritisme fait entièrement partie de sa vie. Il souhaite atteindre le Nirvana, jusqu'à pousser son corps et son esprit aux limites de l'entendement.
Si le malaise est là dès le début du livre (haine, mépris, jalousie, tensions sexuelles, mensonges et secrets) celui-ci va crescendo, comme il en avait déjà été le cas avec Sukkwan Island. 

Ma lecture fut tendue, émotionnellement et même physiquement. La nausée pointait son nez, le dégoût et la colère aussi. Quand la dernière page fut tournée, je me suis retrouvée exténuée, sans force... J'avais l'impression d'avoir perdue mon illusion et quelques années de ma vie. 
David Vann est un de ces auteurs qui vous bouleverse, qui vous malmène et dont vous n'oublirez jamais les récits qu'il vous offre. 
Avec lui, vous comprenez ce qu'est la réalité de la vie et son horreur, son sadisme. Quand on ressort d'une lecture d'un ouvrage de l'auteur, on a qu'une envie c'est de profiter de la beauté de ce qui vous entoure et de vous jeter dans les bras des êtres qui sauront vous rassurez ! 

Les histoires et la plume de David Vann trouvent échos en moi... ses livres me transforme et efface, à chaque nouvelle lecture, un peu plus l'enfant qui est en moi. 
Je n'ai qu'une envie c'est que vous lisiez ce roman, ou tout autre de l'auteur, que vous vous livriez totalement à lui, afin de vous laissez envahir par sa force et sa noirceur. 
Un coup de coeur, une fois de plus. 

  

jeudi 1 octobre 2015

[Marchal, Eric] Le soleil sous la soie

Le soleil sous la soie
D'Eric Marchal



Duché de Lorraine. En cette fin de XVIIe siècle, le chirurgien ambulant Nicolas Deruet tombe amoureux de Marianne Pajot, accoucheuse à Nancy. Accusé de négligence lors d’une opération où il perd son patient, Nicolas s’engage dans les armées de la coalition qui l’emportent en terre étrangère. Sans oublier Marianne, il mène un rude combat pour faire reconnaître sa profession.

Un roman historique, un gros pavé, des critiques élogieuses, un coup de cœur pour Gérard Collard, de la Librairie La Griffe noire, il ne m'en fallait pas plus pour avoir envie de m'y plonger et surtout de partager cette lecture avec ma meilleure amie, ma sœur, Anne Sophie.

Nous suivons Nicolas Deruet, un chirurgien ambulant en Lorraine, alors indépendante.  Nicolas est un homme ouvert d'esprit et aux pratiques révolutionnaires puisqu'il n'hésite pas à aller à l'encontre de certaines pratiques qu'il trouve déplorables, inutiles voir dangereuses. 
A l'ouverture du roman, Nicolas retourne retrouver son maître apprenti, celui qui lui a tout appris. Nous allons suivre ses pas à travers la Lorraine, mais aussi l'Europe, puisque Nicolas sera exilé un temps....

De peur de trop en dire, je préfère m'arrêter là pour le résumé et en venir directement à ce que j'ai pensé de ma lecture. 
Si celle-ci n'est pas un coup de coeur, il s'en est fallu de peu, j'avoue avoir déguster ce roman avec gourmandise et envie. J'aime l'histoire et j'aime les gros pavés ; donc sur ce compte là, je fus comblée !  J'aime également les belles plumes et les belles histoires ; et là encore mon attente fut satisfaite. La plume d'Eric Marchal est digne d'un Victor Hugo, d'un Guy de Maupassant ou d'un Alexandre Dumas. 
Mais alors, me direz-vous, pourquoi est-ce que ce ne fut pas un coup de cœur ? Pour la simple et bonne raison que cela vient juste de moi ! Et oui, disons que personnellement en ce moment, j'ai des petits tracas et que, avec une si longue lecture et si intense, j'ai parfois décrochée.
Et, comme ma comparse Anne Sophie, le seul reproche véritable que je ferais à l'auteur, c'est de ne pas m'avoir emmené à la Cour de Louis XIV... sinon, tout était parfait ! 

Eric Marchal est un de ces auteurs, rares, qui savent manier la langue de Molière avec autant de dextérité et brio que le ferait les mousquetaires dans un roman de Dumas. 
J'ai d'ors et déjà envie de lire un autre de ces ouvrages et de me délecter encore de son talent ! 

Je ne peux vous conseiller qu'une chose, que vous aimiez ou non l'histoire, c'est de découvrir Eric Marchal car je suis certaine que vous aurez un coup de coeur.

Je vous invite à découvrir l'avis de mon amie, Anne Sophie, par ici


mercredi 23 septembre 2015

[Diblan, Alain] L'histoire hors du commun d'une personne ordinaire

L'histoire hors du commun d'une personne ordinaire
D'Alain Diblan 



Pour fuir en 1871 la répression après la chute de la Commune de Paris, où elle s'était illustrée aux côtés de Louise Michel, Marguerite se retrouve à Londres comme cuisinière. 
Un geste regrettable la conduit à fuir à nouveau. Recherchée, elle sera arrêtée et condamnée. 
Au-delà de l'histoire du destin de cette femme, on découvre la collaboration des polices anglaise et française, les problèmes diplomatiques liés aux formalités d'extradition, la conduite du procès en Angleterre et par-dessus tout le rôle de la presse dans une affaire qui passionna les foules... Toute une époque, déjà loin de nous, mais cependant encore tellement actuelle

Alain Diblan nous offre, avec ce livre, un ouvrage d'une grande richesse et très bien écrit. Je ne vais pas y aller par quatre chemin : ce livre est un coup de coeur ! Ce livre rassemble plusieurs genres littéraires : l'essai historique, la biographie romancée mais aussi un passionnant polar. 
Vous vous imaginez donc bien que ce livre est complet et plus que captivant. 

A travers ce livre, l'auteur nous invite à découvrir la personne de Marguerite Diblanc (ou Dixblanc), une jeune femme belge qui a eu un destin hors du commun. Alors qu'elle n'est qu'une toute jeune fille, sa famille et elle quitte la Belgique, la vie étant devenu trop difficile. Ses parents et ses frères et soeurs s'arrête à Verdun, alors qu'elle continue vers la capitale. 
Là, entourée de compatriotes, elle subit la défaite de 1870, contre la Prusse, puis la révolution menant à la création de la Commune de Paris, puis la répression. Cette dernière l'obligera à fuir en Angleterre où finalement elle serait engagée en tant que cuisinière par Madame Riel. Cette française tyrannique avec ses employés et au caractère sanguin, est la maitresse de Lord Lucan. La fille de celle-ci, Julie, est actrice. Le caractère emporté de Marguerite et sa soif de liberté ne supporteront pas longtemps les remontrances et insultes de Madame Riel, sa patronne. Un dimanche, l'impensable se produira : Marguerite tuera sa patronne avant de prendre la fuite pour la France, avec pour projet de partir en Amérique et reconstruire sa vie. 
Mais très vite soupçonnée de ce meurtre, Marguerite recherchée par la police française et Scotland Yard finira par être arrêtée... 

Ce livre est vraiment passionnant, tant pour le côté historique (guerre contre la Prusse, Commune de Paris, répression, relations/traité d'extradition entre la France et l'Angleterre mais aussi l'Angleterre et la Belgique, le déroulement d'une enquête et d'un procès à l'époque...) que pour le côté polar et biographie. 
Marguerite Diblanc est une personne ordinaire (comme le titre nous le dit). Je veux dire par-là qu'elle ressemble à beaucoup de gens de l'époque. Certes elle s'engage très tôt pour défendre ses croyances, n'hésitant pas à monter sur le barricade, mais tout au long de ma lecture je me suis dit "ça aurait pu être moi !". 
Elle a tué, sous le coup de l'émotion, de la colère, à la suite de semaines d'insultes, d'humiliation... Bien sûr que ça ne pardonne pas son geste, mais doit-on la haïr pour ce qu'elle a fait et ignoré tout cela ? Je vous avouerais une chose, je me suis vraiment attachée à Marguerite, qui n'est pas une mauvaise fille. Son destin m'est devenu précieux (non, non, je ne me prends pas pour Gollum)... 
J'ai vécu le procès difficilement car ne parlant que très peu et très mal, voir pas du tout l'anglais, les débats, les accusations n'étaient que peu compréhensible par notre héroïne. A travers l'histoire de Marguerite, Alain Diblan dresse le portrait d'une époque, d'une société en construction... L'enquête policière, le procès, la condamnation ; tout les détails, toutes les erreurs, toutes les bizarreries nous sont dévoilées. 
Ce livre, bien que se lisant comme un roman, est un magnifique et palpitant document sur une société, sur les relations internationales entre plusieurs pays... 

Cet ouvrage passionnera tous ceux qui aiment l'histoire, les polars, le biographie. C'est bien écrit, bien documenté et, je tiens à souligner l'énorme travail de recherche de l'auteur. Vous l'aurez donc compris, je vous conseille vivement la lecture de ce livre et, je tiens à remercier l'auteur, Alain Diblan, mais aussi Janyce des éditions Mon petit éditeur pour cette découverte fort instructive. 

lundi 21 septembre 2015

[Ecrits personnels] La cérémonie de Maître Chat.

Je partage avec vous le premier chapitre d'un texte pour enfant, que j'écris actuellement. 
N'hésitez pas à me donner vos avis, conseils et critiques ; c'est grâce à vous que je pourrais m'améliorer. 

La cérémonie de Maître Chat.
Chapitre I



Le printemps pointait enfin le bout de son nez, après de long mois d’hiver. Les cerisiers étaient en fleurs, le soleil réchauffait chacun et la ville avait pris une belle couleur rose. La nature reprenait enfin vie et le parfum des orchidées embaumait l’air. La ville s’éveillait aux chants des oiseaux et la foule peuplait de nouveau les rues, étroites mais pleine de charme. 

Maître chat, comme à son habitude, ouvrit les yeux alors que le soleil était à peine levé. Il s’étira longuement, ronronnant de plaisir. Il se leva et partie faire sa toilette dans la salle d’eau. La vapeur qui recouvrait le miroir permis à cet honorable chat de ne pas voir son reflet. Cela lui évita de constater son air fatigué suite au carnaval de la veille. Maître chat avait l’habitude de profiter de la fête lors des festivités du printemps. L’atmosphère était des plus joyeuse et lui-même se laissait souvent aller, fêtant ainsi dignement le retour des beaux jours. Mais aujourd’hui il fallait qu’il soit en forme car une journée chargée l’attendait. 
Après avoir enfilé son plus beau costume, brodé de fils d’or, il mit sur sa tête un chapeau couvert de plumes et sortie sur le pas de sa porte. La ville était déjà en ébullition et, une ribambelle d’enfants jouait dans le parc de l’autre côté de la rue. 
Maître chat ferma sa porte à clé et gagna la Place des Souvenirs d’où devait partir le cortège. Aujourd’hui avait lieu la cérémonie du Renouveau où les citoyens allaient enfin rencontrer le Grand Chat, qui prenait la succession de Catzen II. La foule était déjà présente sur la place, manifestant un grand enthousiasme, prête à défiler pour faire honneur au nouveau souverain. 
Maître chat, lui, devait mener l’attelage qui conduirait le Grand Chat de la Place du Souvenir au Palais Royal, de l’autre côté de la ville. Le cheminement à travers les rues ne prendrait que quelques minutes, mais il était de grande importance. 

Quand Minou 1er sortie enfin sur le balcon de la salle des fêtes, tous acclamèrent ce nouveau roi, qui faisait renaître l’espoir dans le cœur de ces milliers de concitoyens. Le temps n’était plus aux larmes, aux cris et la souffrance ; chaque citoyen espérait pouvoir enfin vivre dans la paix et la profusion sans craindre le lendemain. 
Minou 1er, âgé de dix-huit, était le chat de la situation. Tous avaient une confiance aveugle en lui. Le Grand Chat avait été élevé par une famille de condition moyenne et connaissait donc parfaitement les attentes de la communauté. Pour sauver la vie de nombreuses personnes et mettre fin à la barbarie, il n’avait pas hésité à faire un coup d’état, pour renverser Catzen II le tyran. 
Minou 1er s’était conduit de façon admirable, ne faisant pas couler le sang. Catzen II avait été banni du pays, sans violence. L’ère funèbre était aujourd’hui terminée et la joie était de mise. Le mur de la tyrannie était enfin abattue et tous pouvait célébrer le renouveau et le couronnement de Minou 1er. 

Maître chat, dans son costume bleuté, fit monter le Grand Chat et le convoi se mit en route, sous l’acclamation de la foule qui jetait, au passage du souverain, des bouquets d’ancolies, comme le voulait la tradition. 
Arrivé devant le palais, une fois que le Grand Chat eu fait son discours, Maître chat piqua une fleur dans sa boutonnière et repartie, le sourire aux lèvres vers sa demeure, où il pourrait enfin se reposer avant la grande fête du soir et les banquets en l’honneur de Minou 1er.

Texte non libre de droit, protégé par copyright.
Malorie LEDUC - 2015


dimanche 20 septembre 2015

[Bazino, Jak] Zawgyi, l'alchimiste de Birmanie

Zawgyi, l'alchimiste de Birmanie
De Jak Bazino 



En novembre 1885, Mandalay, capitale du royaume de Birmanie, est prise par les Anglais. Maung Aung, garde au palais royal, est le dernier des Aris, une secte ésotérique qui veille sur le secret de la pierre philosophale. Fuyant l’invasion, il disparaît pour retrouver le Zawgyi, l’alchimiste immortel qui provoquera l’avènement d’un roi messianique et du prochain Bouddha. 
En septembre 2007, Éric Tamino arrive en Birmanie au moment de la "Révolution de Safran", une révolte de moines qui entraîne une répression violente. Témoin d’un meurtre, Éric, se met en quête du sens du tatouage qu’il découvre sur la victime. Ses recherches vont le mener d’aventures en dangers, de Yangon à la "Vallée de la mort", sur les traces de Maung Aung. Poursuivi en pleine dictature militaire par des agents voulant s’emparer de la pierre philosophale avant lui, ses péripéties lui feront entrevoir l’amour, la souffrance et la mort, ainsi que le chemin conduisant à l’Illumination. 

En ce moment, j'enchaîne les lectures formidables et inoubliables ! 
Ce roman de Jak Bazino n'échappe pas à la règle ; avec ce roman aussi passionnant qu'enrichissant j'ai passé de très belles heures de littérature et de voyage. L'auteur, grâce à ce roman d'aventure, nous entraîne en Birmanie et nous livre un portrait vif et collant à la réalité de ce pays. Il a parcouru cet état pendant plusieurs année (il y a vécu quatre ans) et a décidé de nous offrir un magnifique livre afin que nous puissions découvrir un pays ensorcelant. 

L'histoire se passe en 2007 en pleine Révolution de Safran. Éric Tamino, que l'on va suivre tout au long du roman se trouve, suite à un meurtre, lancé dans une aventure qui l'emportera sur les chemins de Birmanie, sur les traces de Maung Aung (qui garde au palais royal en 1885), le dernier Aris, une secte ésotérique dont les membres furent persécutés. Nous vivrons à ces côtés une aventure hors du commun et inoubliable qui, nous offrira bien plus qu'un instant d'aventure... 
Jak Bazino a décidé de nous faire découvrir la magnifique Birmanie (et son histoire) en écrivant une fiction plutôt qu'un ouvrage essayiste. Je pense qu'il souhaitait offrir aux lecteurs une connaissance tout en distrayant ces derniers ; pour les marquer encore plus. Et je peux vous assurez que c'est une réussite. 

On apprend beaucoup à travers cette lecture. Je ne connaissais que très peu la Birmanie (à vrai dire, de ce pays je n'avais que les images passées en boucle en 2007 lors de la Révolution de Safran). Mais avec ce roman d'aventure, j'ai découvert un pays d'une grande richesse à l'histoire parfois difficile (mais quel pays n'a pas connu, dans son histoire, de moments difficiles ou affreux) qui offre énormément à qui se penche sur cette nation. 

C'est avec une magnifique plume et un style très prenant que l'auteur a voulu nous faire découvrir un pays, parfois trop laissé de côté, alors qu'il mérite amplement d'être connu et reconnu. L'écriture est soignée, le style très riche. 
Le rythme est soutenu ce qui permet au lecteur de ne pas avoir une seconde de répit et de vouloir toujours en savoir plus. L'auteur a, pour moi, réussi son pari : faire découvrir un pays avec un roman d'aventure de grande qualité, inoubliable et qui donne envie d'en savoir plus sur ce magnifique pays, son histoire, ses traditions, ses croyances. 
Je suis certaine, ami(e)s lecteurs/lectrices que vous aussi, une foi le livre en main, vous vous laisserez entraîner en Birmanie aux côtés d’Éric et, que vous ressortirez de cette lecture sous le charme. 

Une fois de plus, je remercie du fond du cœur Janyce des éditions Mon petit éditeur qui m'a offert une lecture que je ne suis pas prête d'oublier. Un grand merci aussi à l'auteur, Jak Bazino. Si vous aussi vous souhaitez découvrir ce texte (et plein d'autres de grande qualité) je vous invite à découvrir le catalogue des Éditions Mon petit Éditeur